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Par l'Artisan du Vitrail

La restauration des vitraux de Sainte-Croix à Montélimar (2/4)


L'Esprit Saint (détail d'un vitrail de Sainte-Croix)

La première partie des travaux de restauration va consister à déposer les vitraux de la baie n°4 de l'église. Au programme : déplombage des panneaux, nettoyage complet des verres, collage des pièces peintes cassées et remise en plomb totale!

 

Je ne peux malheureusement pas vous faire partager les photos des étapes de dépose des panneaux et du nettoyage des pièces. J’avais pourtant pris soin de prendre des dizaines de photos : montage de l’échafaudage, dépose des panneaux et surtout nettoyage des pièces peintes. Malheureusement, je me suis fait voler mon portable dans mon atelier même et n’ayant pas sauvegardé le contenu de mon mobile, je n’ai plus aucune photo! Il me reste une profonde tristesse de voir partir à jamais une partie de ma vie (beaucoup de photos dataient d’il y a quelques mois ou années) et la tristesse de ne pouvoir partager avec vous ces étapes de restauration. Mais je vais tout de même vous les décrire et agrémenter mes textes avec les photos que j'ai prises après le vol, avec mon nouveau mobile.

 

Le vitrail de la baie n°6 en détail

114 cm x 249 cm. Ce sont les dimensions exactes du vitrail de la baie n°6, la première sur laquelle je vais travailler. Le vitrail est composé de 3 panneaux : 2 panneaux de format rectangulaire pour le haut et le bas, et un plus grand de format carré pour la partie centrale. Plusieurs pièces sont fêlées et une pièce en damassé rouge est cassée et nécessite d’être refaite à l’identique pour éviter les ouvertures. Je vais profiter de cette restauration pour changer intégralement les plombs. Le nouveau réseau de plomb consolidera le vitrail et l’application d’un nouveau mastique assurera son étanchéité.

Le vitrail avant restauration
 

Changement des plombs et nettoyage tout en douceur

Attention, opération délicate! Jusque dans le milieux du XXème siècles, les verres utilisés par les Maitres verriers pour la confection des vitraux étaient d’une finesse extrême. Alors qu’aujourd’hui l’épaisseur moyenne est d’environ 3 millimètres, les verres anciens variaient entre 1 et 2,5 mm. Ce qui est le cas pour les vitraux de la baie n° 6. Le déplombage (démontage des plombs) doit donc être effectué avec délicatesse. Avant de démonter les panneaux, j’ai pris le soin d’effectuer une empreinte : j’ai dessiné au trait sur un calque tout le réseau de plomb, ce qui va m’aider à répertorier chaque pièces de verre et faciliter le montage.

Gros plan sur le panneau encrassé

Avant le grand nettoyage, je désolidarise les plombs des verres en ayant pris soin de porter un masque et de mettre des gants. Saletés et poussières sont omniprésentes et des particules de plombs oxydés peuvent polluer l'air de mon atelier.

Les pièces peintes sont bien sales et vont avoir besoin d’un nettoyage méticuleux. La difficulté dans ce type d’opération est de pouvoir enlever crasse et salissures sans altérer les peintures d’origine. Pour cela, pas besoin de produits chimiques ou corrosifs. Une simple éponge avec l’eau déminéralisée suffisent. Une fois les panneaux déposés, j’ai découvert à l’atelier d’où venaient les tâches sombres et les parties noires bien apparentes sur certains verres : de la poussière bien sûr, mais aussi une couche conséquentes de suie résultant des années de combustion des cierges, et quelques nids de guêpes bien fixés sur le verre!

Après avoir fait tremper les pièces toute une journée pour attendrir saletés et restes de mastic, je nettoie en douceur le verre avec une éponge et de l’eau déminéralisée. J’ai ensuite rincé les pièces une par une, toujours avec de l’eau déminéralisée, et séché chacune d’elles avec un chiffon doux.

La mise en plombs du vitrail (sertissage)

Sur mon calque d'empreinte, je monte ensuite le vitrail pièce par pièce en alternant verres et plombs et suivant un plan de montage (chemin de plomb) défini à l'avance.

 

Masticage et nettoyage des panneaux


Le nettoyage du vitrail à la sciure

Lorsque la mise en plomb et les soudures sont terminées, j’applique un mastic semi-liquide que je compose moi-même avec du blanc de Meudon, de l’huile de lin, du noir de fumée et quelques gouttes de siccatif. Le mastic est appliqué par mouvements circulaires sur toute la surface des panneaux avec un gros pinceau à poils courts. J’essuie ensuite le surplus avec du papier journal puis de la sciure de bois.

Détail du panneau bas, après restauration

Les 3 panneaux sont tout beaux, tout propres. Il vont donc attendre 2 semaines pour laisser le temps au mastic de sécher, avant de rejoindre leur emplacement d'origine.

 

L'avant et l'après

Une fois les 3 panneaux posés et la restauration terminée, il n’y a pas photo : on se rend vraiment compte qu’un nettoyage et un entretien régulier des vitraux est primordial! Au final, la baie est plus lumineuse, les couleurs plus éclatantes et chaque petit détail réalisé avec soin dans les peintures ressortent incroyablement.

Diaporama (cliquer sur la photo pour voir les images en grand format)

En rentrant dans une église, un cathédrale ou une chapelle et que l’on soit croyant ou non, on peut difficilement rester indifférent devant tous les trésors que recèlent ces édifices. Et les vitraux en font partie. Au-delà de leur symbolique et des messages bibliques qu’ils transmettent, comment ne pas s’émouvoir par la beauté de ces œuvres? La chatoyance des couleurs, la composition des scènes et chaque menu détail forcent au respect du travail réalisé au fil des siècles par des maitres verriers connus ou inconnus. À chaque fois en rentrant dans une église pour contempler (entre autre) les vitraux, je prends conscience que j’ai fait le bon choix en abandonnant mon métier d’infographiste pour celui de vitrailliste. Notre si beau et si riche patrimoine doit continuer à être préservé, et tous les métiers d’art y contribuent pleinement. Travaillant sur un autre projet en parallèle, je n’aurais jamais pu effectuer cette restauration seul : mon ami Michel Pradeilles m’a aidé à monter et souder une partie des panneaux. Et pour la dépose et la pose j’ai pu compter sur l’aide précieuse de Julien Bulard, Clarisse et Perrine. Je tiens à les remercier une nouvelle fois chaleureusement pour le temps précieux qu’ils m’ont accordé et pour la qualité de leur travail ;)

Le premier article de cette série de 4 parlait de l'histoire de Sainte-Croix et de ses origines. Je vous parlerai dans un prochain volet de la restauration de la baie n°1 située derrière le chœur de l'église. Bonne lecture à toutes et à tous!


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