Petit historique du vitrail
Les origines du vitrail
Les romains avaient l'habitude de décorer les fenêtres des villas et des thermes de mosaïques de verres colorés qui permettaient de tamiser la lumière. De même des mosaïques incrustées de verres polychromes ont été utilisées pour orner les basiliques de Saint-Paul-hors-les-murs à Rome et de Sainte Sophie à Constantinople. Mais c'est au au Moyen Âge que le vitrail devient le complément indispensable des grands édifices religieux particulièrement dans les pays germaniques et en Franche. Aux XIème et XIIème siècle, l'art roman du vitrail offre alors une proximité dans les formes avec la peinture et la sculpture contemporaine, tout en développant une analogie avec les pierres précieuses du fait de leur nature translucide et colorée. Les couleurs utilisées sont essentiellement le bleu et le rouge, les vitraux sont petits et assemblés principalement en médaillons carrés ou circulaires bordés de motifs végétaux comme à la basilique de Saint Denis.
L'essor du vitrail au XIIIème et XIVème siècle
Durant cette période, les compositions gothiques acquièrent des dimensions plus importantes tout en restant fidèle à la tradition romane du médaillon. La rosace se développe également comme à Chartres ou Cologne. Le peintre verrier dispose désormais d'une palette de couleurs élargie : vert émeraude, rouge carmin et vermillon, mauve et jaune d'argent. Les vitraux de l'art cistercien constituent néanmoins une exception notable. Les principes de sobriété et de dépouillement de l'ordre monastique y sont scrupuleusement appliqués. De fait, les vitraux sont le plus souvent incolores et dessinent des figures géométriques, des arabesque et des entrelacs.
Influences italiennes à la Renaissance
À la Renaissance, sous l'influence italienne le vitrail connait alors une période faste. Si la technique traditionnelle évolue peu, l'esthétique en revanche va abandonner progressivement la tradition du médaillon pour imposer à la place de grandes compositions en perspective. Ces dernières occupent alors le plus souvent la totalité de la fenêtre des édifices civiles ou religieux. Elles délaissent également l'entourage en grisaille au profit d'une véritable exaltation des couleurs vives. Cependant au cours du XVIème siècle le mouvement réformiste transforme en profondeur l'art du vitrail en Europe du Nord-Ouest et du Nord. La couleur est alors abandonnée, l'emploi de la grisaille en deux tons se généralise dans des compositions au caractère géométrique affirmé. Dans les pays catholiques le vitrail coloré est également abandonné. Au XVIIème et XVIIIème siècle l'art du vitrail entre dans une longue période de déclin. La production de verre coloré cesse et la perte des savoirs technique est manifeste.
Du XIXème à nos jours
Il faut attendre le début du XIXème et le regain d'intérêt pour le Moyen Âge pour retrouver ces techniques traditionnelles. Elles sont d'abord utilisées pour des campagnes de restauration de vitraux médiévaux ou de la Renaissance comme à la Sainte Chapelle à Paris. Au début du XXème siècle le mouvement Art Nouveau qui prône un retour à la Nature va se répandre à travers l'Europe et offrir au vitrail une nouvelle modernité. En France l'école de Nancy bénéficiera de la collaboration du maitre verrier Jacques Gruber. Les édifices publics ou privés accueillent alors des verrières courbes et colorées dans leurs plafonds, cages d'escaliers ou portes intérieures. Aux Etats Unis le maitre verrier L.C. Tiffany contribue également à ce renouveau des arts décoratifs. Cependant dès 1925 l'Art Déco, tourné vers l'industrie opposera à l'Art Nouveau ses compostions géométriques et incolores et l'utilisation de verres imprimés. Au XXème siècle la dalle de verre (pâte de verre coulée dans du ciment) est inventée par Jean Gaudin avant d'être utilisé par des artistes dans des compositions le plus souvent abstraites. La collaboration entre les artistes (Chagall, Soulage..) et les maitres verriers va se poursuive dans des œuvres résolument contemporaines.